Le fédéral a lancé mardi l'application myGov.be, à la fois portefeuille virtuel de documents officiels et guichet électronique pour faire parvenir des requêtes à l'administration. Le "wallet" a été testé en début d'année par plus d'une centaine de citoyens. Il est désormais accessible à tous, sans obligation.
"Depuis 6h ce matin, le 'wallet' est une réalité", s'est réjoui mardi en conférence de presse le secrétaire d'État à la Digitalisation Mathieu Michel (MR). "Nous sommes parmi les premiers d'Europe à mettre à disposition un tel 'digital identity wallet', suivant le règlement européen eIDA S 2.0". Le règlement eIDAS, récemment mis à jour, prévoit l'interopérabilité des systèmes nationaux d'identification électronique. Avec l'application myGov.be, la Belgique est déjà prête sur le plan technique, avec un portefeuille digital qui pourra être reconnu ailleurs dans l'UE et servir d'authentification du citoyen.
L'application myGov.be, telle qu'elle peut être téléchargée aujourd'hui, permet d'accéder en ligne à ses données d'identité et à une série de documents officiels: permis de conduire, extrait d'acte de naissance ou de mariage, certificat de vaccination Covid... L'application donne également accès aux messages reçus sur "My eBox", la boîte aux lettres électronique des autorités. On peut aussi passer par myGov pour demander des attestations et documents officiels, via un guichet virtuel.
C'est une "version 1.0", ont insisté mardi Mathieu Michel et le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit). MyGov.be est appelée à évoluer constamment pour inclure au fil des ans de plus en plus de services, de documents, et impliquer davantage d'administrations, y compris au niveau régional si elles le souhaitent. Actuellement, l'application permet le lien avec les administrations de la Mobilité (permis de conduire et enregistrement du véhicule), de la Justice (actes d'état civil), de la Santé (carte ISI+, certificat de vaccination) et Intérieur (données d'identité). Mais il y a déjà un travail en cours pour faire le lien avec les Finances et les Pensions, indique Mathieu Michel.
"L'eBox est un bel exemple", expose le secrétaire d'État. "Quand on l'a lancée (en 2018, NDLR), il y avait une dizaine d'émetteurs. Aujourd'hui, il y en a 683, et c'est près de 37,5 millions de messages envoyés en 2023 et environ 3,5 millions d'utilisateurs".
Dès l'année prochaine, myGov.be devrait permettre de signer électroniquement, et donner accès à davantage de documents de santé, la carte étudiant, les données relatives à la pension, etc. Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé publique, cite quant à lui, déjà "pour septembre ou octobre", l'intégration de MyBenefits, l'application qui aide les citoyens bénéficiaires d'avantages sociaux. À plus long terme, le ministre socialiste évoque l'ajout dans myGov.be de la carte européenne d'assurance maladie ou encore de la European Disability Card, la carte européenne pour personne handicapée.
Attention, tous les documents accessibles virtuellement via myGov n'ont pas (encore) une valeur légale équivalente au papier. Il n'est donc pas question pour le moment de montrer à un agent de police son permis de conduire sur smartphone, plutôt que l'objet physique. Même chose pour la carte d'identité électronique. En revanche, la carte ISI+ (carte de mutuelle pour enfants) peut déjà être utilisée dans sa version virtuelle en pharmacie.
Des adaptations légales sont nécessaires pour que certains documents aient une valeur légale en format électronique, tandis que d'autres évolutions nécessitent la définition de standards européens. "Cela ne remplacera jamais les moyens physiques", précise mardi Jack Hamande, directeur général Simplification et Digitalisation au sein du SPF Stratégie et Appui (BOSA). L'application ne s'imposera donc pas à tous, elle reste une option de simplification pour ceux qui le souhaitent. Elle fonctionne comme une plateforme unique qui permet d'accéder à des services ou documents existants par ailleurs.
MyGov.be est disponible sur les plateformes d'applications habituelles (AppStore, etc). Pour activer le portefeuille digital après avoir téléchargé l'application, il y a deux possibilités: via eID (avec un lecteur de carte d'identité) ou en utilisant itsme.
Selon l'expert en cybersécurité Axel Legay, qui a été consulté sur le projet, l'application s'appuie sur une "sécurité robuste". "Le citoyen garde la maîtrise, et la plupart du stockage de données se fait au niveau local. Les transferts depuis les sources authentiques se font de manière protégée".