MediPrima: blocage du côté des développeurs… mais pas seulement

Le système MediPrima devrait permettre  aux médecins d’être honorés rapidement lorsqu’ils ont presté pour des personnes dans le besoin. Cela suppose l’intégration de MediPrima  dans le DMI du généraliste. Des démarches administratives auprès des CPAS seraient ainsi évitées. Mais ni les développeurs, ni parfois les CPAS, ne facilitent les choses.  

Il arrive à tous les généralistes de devoir prester auprès de personnes non couvertes par la caisse auxiliaire d’assurance maladie invalidité (CAAMI), qui émargent au CPAS. Dans certaines limites, c’est ce dernier qui doit prendre en charge les frais médicaux. L’accès à la banque de données MediPrima permet théoriquement au médecin de connaître le statut accordé par le CPAS à un patient donné et le taux de remboursement dont il peut bénéficier.  Dans les limites précises ainsi définies, le CPAS garantit la prise en charge de frais médicaux, donc la couverture des honoraires du prestataire.

Il faut pour cela que les développeurs de logiciels médicaux à l’usage du généraliste prévoient l’intégration de MediPrima dans les outils informatiques qu’ils proposent. Mais la plupart des firmes du secteur, sauf une, n’en font pas une priorité. Résultat : c’est le blocage.  « C’est profondément dommage », déplore le Dr Lawrence Cuvelier, vice-président du GBO, qui gère les relations avec les CPAS, « cela aurait changé fondamentalement la donne pour les personnes qui ne sont pas couvertes par une mutuelle. Actuellement nous sommes obligés de passer par les CPAS, ce qui impose une étape inutile et fastidieuse. Il faut des mois pour que nos prestations soient honorées. Alors que les hôpitaux, pour lesquels le système fonctionne bien, reçoivent leur argent dans les deux ou trois jours.»  

Il est malaisé d’estimer le nombre de généralistes qui utilisent MediPrima puisque l’accès dépend du logiciel utilisé. Apparemment, ce serait plus fréquent du côté néerlandophone que du côté francophone.  Mais de toute façon, cela reste marginal, estime Lawrence Cuvelier.  

Le Dr Cuvelier ajoute que l’obstacle informatique n’est pas le seul écueil rencontré. Les CPAS n’ont pas tous les mêmes procédures et il faudrait aller vers une uniformisation. De plus, certains interlocuteurs dans les communes ne sont pas très informés. Ils  invoquent le secret professionnel lorsqu’ils  sont interrogés par un médecin à propos du statut administratif d’un patient. Ou encore, des fonctionnaires refusent certains dossiers sous prétexte qu’il ne s’agit pas de soins urgents. L’intitulé de la loi comporte effectivement le mot ‘urgent’ mais le contenu n’en parle pas. « Le Ministère de l’Intégration a fait tout ce qu’il fallait pour que nous ayons un système efficace », fait remarquer le Dr Cuvelier. « Et cela ne fonctionne pas ».  

A Bruxelles, l’heure est à la réflexion pour envisager l’envoi d’une lettre aux sociétés informatiques concernées afin de tenter de faire bouger les choses. Il semblerait qu’une telle démarche ait déjà eu lieu dans la région de Charleroi.    

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