Des chercheurs de l’ULB et de l’Université Grenoble Alpes ont mis au point une technologie passive de transport de fluides, inspirée de la langue des colibris. Cette innovation, publiée dans Nature Communications, pourrait révolutionner les diagnostics médicaux hors laboratoire, annoncent les deux institutions mardi.
Le nouveau dispositif, conçu sous forme de feuille élastique munie de rainures verticales, capte automatiquement de petites quantités de liquide sans nécessiter d'énergie externe ni de manipulation active. "On met simplement le dispositif en contact avec le liquide et tout se passe automatiquement grâce aux forces capillaires", explique Jean Cappello, chercheur à l’École polytechnique de Bruxelles (ULB).
Le mécanisme s’inspire du mode d’alimentation des colibris : leurs langues sont dotées de lamelles qui se referment pour piéger le nectar. De la même manière, les rainures du dispositif se déforment spontanément en tubes au contact d’un liquide, permettant un prélèvement efficace.
Vers un diagnostic simplifié et accessible
Cette technologie pourrait notamment faciliter l’"aliquotage automatique" dans les analyses sanguines : chaque rainure contenant une quantité identique de liquide, plusieurs tests peuvent être réalisés en parallèle à partir d’un seul prélèvement.
"Dans le biomédical actuel, beaucoup de techniques nécessitent des moteurs ou de la centrifugation pour manipuler les échantillons. Ici, tout est passif : une simple manipulation suffit", précise Jean Cappello. Le système pourrait ainsi être utilisé par du personnel soignant non spécialisé, notamment dans des zones dépourvues d’infrastructure médicale.
Une solution adaptable et peu coûteuse
Outre le domaine médical, les chercheurs envisagent des applications dans les analyses environnementales ou biochimiques, où le transport de microlitres de fluide reste une contrainte. Fabriqué à partir de matériaux simples, le dispositif est abordable, facile à produire, et ne nécessite aucun appareillage.
Une collaboration est en cours avec des médecins du CHU Brugmann pour valider l’utilisation du dispositif dans les tests sanguins.