Endoscopie : une nouvelle technologie permet de filmer les cellules cancéreuses en temps réel

Un chercheur de la VUB a développé une technologie d’imagerie endoscopique permettant d’observer les cellules cancéreuses en temps réel pendant une opération. En combinant l’endoscopie classique à lumière blanche avec l’imagerie par durée de fluorescence (FLT), les chirurgiens disposent désormais d’un outil leur offrant une bien meilleure distinction entre tissus sains et tissus malades. C’est ce qu’indique mardi la Vrije Universiteit Brussel, sur base des travaux de recherche de Pooria Iranian.

Doctorant au sein du groupe de recherche ETRO de la VUB, Pooria Iranian a mis au point une nouvelle technique d’imagerie appelée « imagerie par durée de fluorescence » (FLT), utilisant une caméra ultra-rapide nommée tauCAM. Cette technologie permet de visualiser l’intérieur du corps de manière directe et d’identifier les tissus pathologiques, comme les cellules cancéreuses, en pleine intervention chirurgicale. « Notre objectif était d’ajouter une dimension supplémentaire à l’endoscopie classique », explique le chercheur.

Les méthodes d’imagerie médicales classiques, telles que l’IRM ou le scanner, ne fournissent souvent pas une visualisation assez précise et immédiate pour permettre une ablation optimale des tumeurs. L’imagerie par fluorescence, qui permet une observation en temps réel des tissus, gagne en popularité, mais présente des limites lorsqu’elle repose uniquement sur l’intensité lumineuse. Si deux colorants émettent une lumière de même intensité, il devient difficile de les différencier.

La méthode FLT, en revanche, s’intéresse non pas à la puissance de la lumière, mais à sa persistance dans le temps – le « temps de rémanence ». Cette technique se montre plus fiable, moins dépendante de la concentration des colorants, et offre une image plus précise de l’environnement tissulaire.

Pour rendre cette technologie utilisable en chirurgie, l’équipe a conçu un nouveau système associant une caméra avancée – le Current-Assisted Photonic Sampler (CAPS) – à la lumière proche infrarouge (700–900 nm), capable de pénétrer plus profondément dans les tissus. Contrairement aux systèmes classiques qui nécessitent deux caméras distinctes (une pour le RGB, l’autre pour la FLT), les chercheurs ont développé un appareil compact combinant une endoscopie Hopkins traditionnelle avec une caméra à obturation temporelle basée sur la tauCAM.

Un algorithme d’intelligence artificielle, baptisé FLTCNN, a également été mis au point afin d’évaluer avec précision la durée de fluorescence sans nécessiter de paramètres complexes, permettant une utilisation rapide et en temps réel.

Les chercheurs ont en outre introduit une technique baptisée « imagerie RGB à séparation temporelle ». Elle consiste à illuminer successivement la scène opératoire avec des impulsions de lumière rouge, verte, bleue et proche infrarouge, ce qui permet de collecter simultanément des images classiques et FLT superposables.

« Nous voulons offrir aux chirurgiens non pas de nouveaux yeux, mais un troisième œil : un œil qui voit à travers le temps, dans la vie même », conclut Pooria Iranian.

Des parties de cette recherche ont été publiées dans la revue MDPI Sensors (2025). Selon la VUB, cette avancée marque une étape importante dans le domaine de l’imagerie médicale, en rendant le système plus compact, précis et convivial pour les chirurgiens, avec à la clé des interventions plus ciblées et des résultats améliorés pour les patients atteints de cancer.

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