Un essai clinique européen financé par le programme Horizon 2020, teste actuellement une application de santé numérique destinée à prévenir la cardiotoxicité et à améliorer la qualité de vie physique et mentale des femmes âgées de plus de 60 ans traitées pour un cancer du sein. L’étude a déjà recruté plus de 600 patientes sur le continent.
L’application mobile CARDIOCARE s’inscrit dans un modèle de soins intégré et personnalisé, combinant données en temps réel (capteurs portables, imagerie, biomarqueurs), intelligence artificielle explicable et questionnaires d’auto-évaluation validés. L’objectif : anticiper et gérer les effets secondaires cardiovasculaires des traitements oncologiques chez des patientes souvent fragilisées par des comorbidités chroniques.
« CARDIOCARE propose un nouveau paradigme pour la prise en charge conjointe du cancer du sein et du risque cardiovasculaire chez les femmes âgées », explique la Dre Georgia Karanasiou. « Nous transformons les soins cliniques en un processus continu, personnalisé et proactif. »
Les participantes sont équipées de capteurs thoraciques, de montres connectées et de l’application CARDIOCARE, qui surveille en permanence leur qualité de vie, leur mobilité et leur santé mentale. Un groupe bénéficie également de fonctionnalités supplémentaires pour encourager une activité physique régulière, une alimentation saine et des jeux cognitifs.
La Dre Karanasiou souligne également l’adhésion surprenante des patientes âgées à l’usage des technologies numériques : « Beaucoup sont dans la soixantaine ou la septantaine, et participent activement à leur parcours de soins via l’appli. C’est une remise en question des idées reçues sur le rapport des personnes âgées à la technologie. »
Développé par un consortium européen réunissant des cardiologues, oncologues, psychologues, bioinformaticiens et ingénieurs biomédicaux de sept pays (Grèce, Italie, Chypre, Slovénie, Suède, Pays-Bas, France), le projet est l’un des premiers à intégrer de manière éthique et évolutive des données cliniques et comportementales dans une démarche personnalisée de cardio-oncologie.
« CARDIOCARE ne se contente pas de surveiller le risque : il l’anticipe, en tire des enseignements et agit en conséquence », conclut la Dre Karanasiou.
Les personnes âgées sont encore trop peu représentées dans les essais cliniques en oncologie, alors même qu’elles sont plus vulnérables aux effets secondaires cardiaques des traitements. Le projet CARDIOCARE pourrait donc contribuer à combler un important vide en matière de données cliniques et à faire évoluer les pratiques.
Les chercheurs impliqués ont présenté les dernières avancées du projet lors d’un symposium organisé dans le cadre de la conférence Cardio-Oncology 2025 de la Société européenne de cardiologie, le 20 juin 2025 à Florence, en Italie.