Vers un compteur général des médicaments pour lutter contre les prescriptions multiples

Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke étudie l’introduction d’un compteur général des médicaments dans les logiciels des médecins et des pharmaciens. L’objectif : offrir aux prescripteurs et aux pharmaciens une vue consolidée des délivrances par patient, afin de mieux prévenir les abus et le nomadisme médical.

Selon les informations communiquées mercredi à la Chambre dans le cadre d’une question parlementaire du député MR Anthony Dufrane, plusieurs analyses ciblées ont mis en lumière des comportements de nomadisme médical et officinal autour de médicaments sensibles aux abus. Entre décembre 2021 et juin 2024, 388 assurés ont présenté des pratiques anormales, parfois extrêmes. Dans un cas cité, un patient a obtenu 632 prescriptions délivrées dans 246 officines différentes, auprès de six prescripteurs.

Les produits concernés incluent les analgésiques morphiniques, les psychostimulants comme le méthylphénidate, la prégabaline, les traitements de l’obésité tels que le sémaglutide, ainsi que certains médicaments anti-HIV gratuits pour les patients. Ces traitements font l’objet de mésusages, de reventes ou d’usurpations d’identité, notamment lorsque la gratuité ou le remboursement intégral facilite les détournements.

Le ministre rappelle que les prescriptions électroniques liées à la carte d’identité donnent une vision partielle de la situation et comportent des exceptions. « Le système n’est cependant pas infaillible », souligne-t-il. L’absence de vue d’ensemble rend également très difficile l’estimation globale du coût de ces pratiques pour l’INAMI.

Frank Vandenbroucke indique réfléchir à « une meilleure vue d’ensemble du nombre d’emballages délivrés par patient », notamment via l’intégration d’un compteur général des médicaments dans les logiciels utilisés par les médecins et les pharmaciens. Cet outil permettrait d’identifier plus rapidement les délivrances répétées et de soutenir la détection des comportements à risque.

Des mesures ciblées sont déjà en place, comme l’envoi de lettres de sensibilisation aux prescripteurs et aux pharmaciens pour la prégabaline et le sémaglutide, ou une réunion de consensus sur l’usage des analgésiques morphiniques et non morphiniques dans la douleur chronique. Le compteur viendrait compléter ces initiatives destinées à mieux encadrer l’usage de ces traitements et à limiter les fraudes, les détournements et les prescriptions multiples.

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