Médecine générale et intelligence artificielle : un futur commun ? ( Enquête )

Les résultats de l’enquête 2025 sur l’adoption de l’intelligence artificielle par les médecins généralistes belges ont été présentés en séance plénière lors du congrès du Collège de médecine générale (CMG), organisé le samedi 22 novembre à Charleroi. Cette nouvelle photographie du terrain met en lumière une progression de l’intérêt pour l’IA, tout en soulignant la persistance de nombreuses interrogations éthiques, cliniques et organisationnelles.

Trois ans se sont écoulés depuis la première enquête menée auprès des médecins généralistes belges sur l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) dans leurs pratiques. Face à l’évolution rapide des technologies et à l’émergence constante de nouvelles applications, il est apparu pertinent de réévaluer la situation en 2025. Cette nouvelle édition offre également l’opportunité d’explorer plus en profondeur les perceptions des médecins généralistes, en les confrontant aux tendances observées dans d’autres baromètres récents.

Réalisée en collaboration avec plusieurs acteurs de la médecine générale (dont le Collège de médecine générale), la Chaire en IA et médecine digitale (UMons) et Medi-Sphère, l’enquête 2025 a rassemblé 225 participants issus des trois régions du pays. Si la participation demeure modeste, elle reste comparable à celle obtenue en 2022, avec 35,56 % de répondants en Flandre, 21,33 % à Bruxelles et 43,11 % en Wallonie.

Une perception de plus en plus positive
L’intérêt pour l’IA semble progresser : l’intérêt médian évalué sur une échelle de 1 à 10 est noté à 7. En 2022, la vision positive de l’IA n’était relatée que pour 58 % des participants et seulement la moitié des participants indiquait que celle-ci pourrait avoir un impact positif sur la médecine générale. En 2025, ce sont 82,22 % des participants qui estiment que l’IA devrait offrir des perspectives à la première ligne.

Une confiance encore prudente
La confiance dans l’IA demeure toutefois nuancée : le niveau médian de confiance globale est évalué à 6 sur une échelle de 1 à 10. La confiance semble être plus grande pour la réalisation de tâches administratives que pour la prise de décision ou la réalisation d’un geste technique.

Des connaissances encore limitées
La compréhension et le niveau de connaissances déclarés en matière d’IA restent modérés. Peu de répondants ont bénéficié d’une formation formelle (16,44 %). Pourtant, plus de la moitié des participants souhaitent être formés à l’IA.

Des bénéfices clairement identifiés
En 2025, l’IA est surtout perçue comme pouvant apporter un bénéfice dans la diminution des tâches administratives (85,78 %) ou l’aide à la prise de décision diagnostique (80 %).

Entre déshumanisation et perte de réflexivité
Du côté des risques, la déshumanisation du travail reste un questionnement face à l’arrivée de l’IA. Cependant, un autre risque semble émerger : celui de la perte de la pensée réflexive. En effet, une grande majorité des participants se questionnent sur le risque de trop se fier à l’IA et de perdre les habitudes cliniques ou encore l’esprit critique nécessaire à la pratique médicale.

Les médecins généralistes s’inquiètent de différents éléments avec l’arrivée de l’IA : la perte du contrôle de ces outils ou la dépendance à ceux-ci. L’impact écologique est également évoqué, mais aussi les aspects éthiques de l’utilisation de ces dispositifs.

Les conditions d’une adoption acceptable
Finalement, les médecins généralistes ont répondu qu’il existait des éléments indispensables pour l’adoption de l’IA sur le terrain. Majoritairement, la sécurité et la confidentialité des données sont évoquées (84 %). La formation à l’IA semble également indispensable pour les participants (81,33 %), tout comme la notion d’évaluation rigoureuse (73,78 %).

Des usages en nette progression
Enfin, l’usage de l’IA en pratique semble progresser : 60,4 % des répondants déclarent utiliser des outils d’IA. Toutefois, les applications utilisées restent concentrées sur quelques domaines, notamment la gestion des dossiers médicaux, la retranscription des consultations, la recherche de littérature ou l’analyse d’images. Fait plus interpellant, l’utilisation de ChatGPT et d’autres grands modèles de langage semble particulièrement répandue chez les participants.

> Découvrir l'ensemble des résultats 

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.