Quels dispositifs digitaux améliorent réellement l’expérience périopératoire pédiatrique ? (Etude)

Une méta-analyse publiée en ligne dans JAMA Pediatrics rapporte que la réalité virtuelle, les jeux et les vidéos interactives réduisent significativement l’anxiété préopératoire et la douleur postopératoire chez l’enfant, selon une analyse regroupant 49 essais cliniques randomisés menés auprès de 4 535 jeunes patients. Les auteurs précisent que ces outils numériques améliorent également la coopération des enfants lors de l’induction anesthésique.

L’étude, conduite par une équipe internationale dirigée par Ziyue Luo, a comparé sept approches : réalité virtuelle, jeux en 2D, vidéos en 2D, robots interactifs, midazolam, soins standards et soins améliorés (tels que livrets d’information ou préparation éducative). Sur la base d’une analyse en réseau, la réalité virtuelle s’est révélée l’intervention la plus efficace pour atténuer l’anxiété avant la chirurgie et réduire la douleur après l’opération. Elle a également amélioré la compliance lors de l’induction anesthésique. Aucun des outils numériques n’a toutefois réduit le délire émergent postopératoire par rapport aux soins standards.

Selon les résultats, la réalité virtuelle induit une réduction de –1,14 écart-type de l’anxiété préopératoire par rapport aux soins standards, soit l’équivalent d’une baisse de près de 24 points sur l’échelle Modified Yale Preoperative Anxiety (23–100). Les vidéos en 2D et les jeux interactifs montrent aussi un bénéfice notable, avec des diminutions respectives de –1,08 et –1,02 écart-type. Pour la douleur postopératoire, la réalité virtuelle présente là encore l’effet le plus marqué, avec une réduction estimée à –1,09 écart-type, correspondant à environ –1,8 point sur l’échelle de la douleur Wong-Baker (0–10).

Les auteurs observent également une amélioration de la coopération des enfants au moment de l’induction anesthésique, la réalité virtuelle obtenant la meilleure performance (MD –0,93), tandis qu’aucune intervention ne montre d’effet significatif sur le délire émergent. Le midazolam, comparateur pharmacologique traditionnel, n’est pas associé à un meilleur contrôle de l’anxiété que les outils numériques et apparaît, dans certaines études, lié à un risque plus élevé de délire émergent, soulignent-ils.

L’analyse montre par ailleurs que les jeux en 2D, davantage que la réalité virtuelle, réduisent l’anxiété des parents avant l’opération, probablement en raison d’une interaction parent-enfant plus directe. Les vidéos en 2D obtiennent les meilleurs scores de satisfaction parentale, même si l’effet n’atteint pas la significativité statistique.

Les auteurs soulignent que l’efficacité varie selon le contexte opératoire. Pour la chirurgie ambulatoire, les vidéos en 2D se révèlent les plus adaptées, grâce à leur facilité d’utilisation dans des environnements à flux rapide. Pour la chirurgie élective, la réalité virtuelle et les jeux en 2D montrent des effets plus importants tant sur l’anxiété que sur la douleur. Les analyses de sensibilité confirment la robustesse des résultats après exclusion des études présentant un risque de biais élevé.

Selon l’équipe, ces données soutiennent l’intégration progressive d’outils numériques immersifs dans les parcours de soins pédiatriques. « Les résultats suggèrent que la réalité virtuelle devrait être priorisée comme intervention non pharmacologique de première intention en période périopératoire pédiatrique, les outils en 2D pouvant constituer des alternatives accessibles lorsque la réalité virtuelle n’est pas disponible », conclut l’article.

Les chercheurs appellent néanmoins à des études multicentriques avec des mesures standardisées pour faciliter une mise en œuvre plus large en pratique clinique, notamment dans les environnements hospitaliers où les ressources technologiques restent limitées.

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