Le trouble du déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité (ADHD) est une pathologie fréquente; environ un enfant sur 10 en âge scolaire développe une forme de cette atteinte. Il s’agit d’une pathologie provoquant une altération de l’inhibition, de la vigilance, de la mémoire à court terme et de la planification.
Le traitement de cette affection est standardisé depuis des années et est essentiellement composé de médicaments psychostimulants et une thérapie comportementale. L’efficacité du traitement est limitée, puisque le traitement médical peut ne pas être efficace chez certains patients; de plus, la fatigue et la perte d’appétit sont des effets secondaires retrouvés, ce qui réduit fortement la compliance au traitement dans le cadre de ce trouble. Concernant la thérapie comportementale, il n’y a pas de preuves montrant un bénéfice supplémentaire de l’ajout de cette dernière aux médicaments. L’exercice physique a quant à lui montré des effets bénéfiques sur les symptômes principaux par les effets neurobiologiques de l’effort en aérobie.
Un groupe de chercheurs de Tel Aviv et Chicago ont testé un nouvel outil pour traiter le déficit attentionnel : la réalité virtuelle; ils espéraient pouvoir utiliser les qualités de cette dernière à augmenter non seulement les caractéristiques motrices et cognitives mais aussi la compliance au traitement.
Les chercheurs ont recruté 14 enfants scolarisés entre 8 et 12 ans et diagnostiqués avec un trouble déficitaire de l’attention et sans traitement médical (aucun groupe « contrôle » est présent dans cette étude). Après avoir rempli différents types de questionnaires pouvant faire l’état des lieux de leurs différentes compétences cognitives et relationnelles, les enfants ont bénéficié de 18 sessions de réalité virtuelle; le scénario était celui d’une marche en plein air, tout en évitant des obstacles sur le chemin. Le but du scénario était d’améliorer la coordination visuelle et cognitive, puisque surmonter un obstacle demande un certain niveau de rétroaction et de charge cognitive. De plus, un système de double tache a été utilisé: en marchant dans le jeu, les enfants entendaient un texte, et ils étaient soumis à un test à choix multiple sur son contenu.
À la suite de la thérapie par réalité virtuelle, les parents ont signalé que leurs enfants avaient moins de problèmes relationnels (la difficulté à entamer une relation sociale étant une des conséquences principales du déficit attentionnels au vu de l’importante charge cognitive nécessaire). Au niveau cognitif, le traitement par réalité virtuelle a montré des effets positifs au niveau de l’exécution des taches et une amélioration de la mémoire de travail. Les mouvements s’en retrouvent également améliorés.
Cette étude propose la réalité virtuelle comme une arme en plus dans le traitement des pathologies déficitaires de l’attention. D’autres tests sont nécessaires, notamment des essais randomisés, pour prouver une plus-value de cette méthode en plus du traitement standard.
La réalité virtuelle semble en tout cas avoir un futur intéressant dans ses applications médicales.