France: libérer le temps médical grâce au numérique

Avant la trêve des confiseurs, la France a publié sa SNS 2018-2022, sa «stratégie nationale de santé» quinquennale. Le gouvernement liste des pistes d’action, partant des enjeux identifiés par le Haut Conseil de la santé publique. Est-on toujours dans l’esprit du fameux «virage ambulatoire»? Le MG se voit-il investi d’une mission particulière?

Le Haut Conseil a repéré parmi les défis auxquels va se frotter le système de santé la gestion des maladies chroniques. La chronicisation des pathologies et l’essor des polypathologies justifient de mettre en place une organisation des soins moins centrée sur l’hôpital.

De fait, la SNS de l’équipe Macron entend poursuivre le virage ambulatoire. Les établissements de santé sont invités à recentrer leur activité sur des hospitalisations plus pertinentes, plus courtes – la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a fixé l’objectif de 70% de chirurgie ambulatoire d’ici cinq ans, avec réadaptation rapide après intervention et une meilleure organisation des transitions vers les soins «de ville». Il s’agira aussi de développer les alternatives à l’hospitalisation conventionnelle. Bref, favoriser la prise en charge en première ligne.

Ce qui n’a pas manqué de pousser certains observateurs à rappeler, avant même diffusion de la SNS, que le virage resterait un mirage si les soins de proximité n’étaient pas bien huilés, avec une bonne répartition des compétences entre tous les acteurs médicaux voire sociaux, et en capacité d’absorber cette évolution.

Or, selon l’expression devenue générique, la France connait des déserts médicaux, donc des inégalités territoriales d’accès aux soins. En médecine générale, en 2013, l’accessibilité des 10% des Français les mieux dotés était trois fois meilleure que celle des 10% les plus éloignés de l’offre. Et la France prédit une diminution probable des MG en exercice jusqu’en 2025.

Dès lors, à lire la SNS, «tous les leviers doivent être mobilisés pour accroître la présence de professionnels de santé dans les territoires et la disponibilité de leur temps médical». Temps médical que réduisent les tâches administratives (consommant en moyenne 7% du temps d’un MG) et les efforts de coordination avec les autres intervenants. Dès lors, ces prochaines années, il faudra «augmenter le temps des professionnels (…) en les aidant à se décharger des tâches administratives et à se recentrer sur leurs activités cliniques directes et de prévention». La SNS parle aussi d’un «nouveau partage des tâches au sein des équipes de soins, fondée sur un rôle accru des professionnels non médecins».

L’e-santé à la rescousse

Une autre façon de rendre du temps médical aux médecins est, selon les autorités françaises, d’exploiter au maximum les «promesses du numérique». «La télémédecine abolit les distances et étend la capacité d’action des professionnels, en leur permettant d’obtenir par exemple des avis cliniques par la télé-expertise. Elle offre à la population de nouvelles possibilités de consultation à distance des médecins généralistes et des spécialistes de recours difficiles d’accès, par exemple en psychiatrie.»

La France prévoit donc, dans les prochaines années, d’assurer la bonne couverture numérique de tout le territoire, y compris rural. Du reste il faudra – refrains familiers aux oreilles belges – favoriser le partage sécurisé des données médicales entre thérapeutes; créer un dossier médical partagé; offrir au public des facilités (rendez-vous, conseil médical, consultation, démarches de préadmission, renouvellement d’ordonnance en ligne, possibilité de transmettre des données à un professionnel ou d’accéder à son dossier…); équiper les prestataires de services numériques d’appui à la coordination (pour fluidifier les échanges en temps réel entre eux); et déployer la prescription électronique.

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