Le médecin au cœur du défi de l’IA

Seulement 30% des répondants ont connaissance de dispositifs d’IA mis en œuvre au sein de leur établissement. Dans ces conditions, il apparaît qu’une large majorité des répondants peut avoir des difficultés à se projeter dans l’utilisation concrète de l’IA dans leur pratique courante.

Ce baromètre montre la difficulté à appréhender plus précisément les cas d’usage de l’IA et les solutions aujourd’hui disponibles. Cela peut constituer un frein au lancement de projets. Pour 86% des répondants, identifier des domaines où l’IA apporte le plus de bénéfices et les prioriser, sera l’un des principaux défis des décideurs hospitaliers.

Trouver les freins
De nombreux freins sont relevés au sein des hôpitaux, au premier rang desquels l’absence de ressources suffisantes et des expertises nécessaires à la conduite des projets. Ces deux freins sont majeurs et identifiés par respectivement 46,6% et 41,1% des répondants. Malgré les difficultés observées, 31% des répondants à cette question ont connaissance d’au moins un dispositif d’IA mis en œuvre dans leur hôpital.

Les établissements ayant déjà mis en œuvre des projets d’IA sont donc encore peu nombreux et n’ont pour le moment déployé qu’un nombre restreint de projets – vraisemblablement dans une démarche de Proof of Concept ou de Minimum Valuable Product.

Il est clair qu’il faudra lever les freins identifiés dans ce baromètre pour permettre le développement de l’IA, la mise en œuvre de davantage de projets et leur déploiement au sein des hôpitaux belges.

Contrairement aux idées reçues, la transformation du métier de soignant n’est relevée que par seulement 21,8% des répondants. Par contre, l’évolution de la prise en charge apparaît comme le principal changement à prendre en compte. En effet, 50,3% des répondants identifient une évolution des modes de prises en charge et des processus du fait de l’utilisation de l’IA. Les potentialités de l’IA au sein des hôpitaux sont nombreuses et peuvent concerner l’ensemble du spectre des activités médicales, médico-administratives, médico-économiques ou encore des fonctions supports.

Trois thématiques
Les répondants remarquent trois thématiques majeures pour le développement de l’IA: 83% des répondants pensent que l’IA va se développer dans les activités de pilotage; 81% que l’IA va permettre une meilleure  prévention et un diagnostic plus précoce, avec un impact fort pour près d’un répondant sur deux (43%), enfin 77% des répondants identifient la recherche comme une activité dans laquelle l’IA va se développer.

Sur le terrain, 53,6% des répondants pensent que l’IA se développera dans l’analyse des examens d’imagerie ou de biologie. Le fait que de nombreuses solutions d’analyse des images (ex: reconnaissance d’un mélanome sur une photographie, identification d’un cancer sur une image de radiologie, etc.) soient disponibles et que certaines aient déjà obtenu un marquage CE vient conforter la perception des répondants.

48,6% des répondants estiment que l’IA se développera pour faciliter le monitoring à distance des patients. Ici encore, des
solutions diverses sont déjà disponibles pour accompagner des patients, par exemple dans le cadre d’un parcours de chimiothérapie orale ou encore d’un retour anticipé au domicile à la suite d’une hospitalisation. La crise sanitaire a également permis l’émergence de nouvelles solutions de suivi à distance qui peuvent remplacer ou différer les besoins d’hospitalisation.

Moins d’erreurs
Pour le Dr Gilbert Bejjani, secrétaire général de l’ABSyM et un des intervenants lors du webinar du 1er mai: «L’IA sera une intelligence augmentée. Actuellement, les médecins ont peur des algorithmes. Il faut les rassurer. La combinaison des algorithmes et des médecins va amener une diminution du taux d’erreurs. Il faudra renforcer le rôle du médecin pour qu’il soit plus impliqué dans la création des algorithmes. L’intelligence artificielle va plus humaniser les soins notamment parce que l’aide à la décision va leur faire gagner du temps qu’ils pourront consacrer au patient».

Pour lui, «la meilleure façon d’intégrer les médecins au défi de l’IA, ce sera le partenariat et la collaboration. Il faudra de la transparence et de la confiance dans ce partenariat».

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