Le nouveau Plan e-Santé 2019-2021 constitue une changement profond

On ne pourra reprocher à Madame De Block l’inactivité dans la mise en place de l’e-Santé. Ce fut même à marche forcée. Notre ministre n’est pas partie de rien, mais a actualisé en 2015 le Plan Onkelinx 2013-2018 en précisant ses objectifs avec 20 thèmes d’action.

Le plan a été réalisé à 70%, même si les destinataires ne recourent pas régulièrement aux facilités offertes, ou si certains services commencent seulement à être mis à disposition. Le Personal Health Viewer, où le patient peut placer et trouver des informations sur sa santé, est mis en place mais très peu utilisé. L’e-prescription de médicaments est obligatoire à partir du 1er janvier 2020, mais l’intendance n’a pas suivi. L’échange «e» des données est encourageant: 2,7 millions de patients ont un SUMEHR publié, 36.000 médecins échangent des informations via le réseau Hub-Metahub (connexions entre 4 répartiteurs: 2 flamands, 1 wallon, 1 bruxellois) et les hôpitaux. Ce réseau, interhospitalier, est accessible à tout médecin.

Le DMG électronique se généralise. Les hôpitaux ont bénéficié d’un plan accélérateur pour installer un DPI (Dossier Patient Informatisé) avec des formes et des formats différents: 15% des hôpitaux ont un DPI intégré, 60% un dossier infirmier informatisé.

Les trois régions ont mis en place, avec l’Inami, une structure de formation permanente des médecins et autres utilisateurs. De nombreuses sessions, délocalisées ont eu lieu.

La santé mobile a retenu l’attention. Le système de validation des applications par l’Inami tient compte de leur plus-value santé et de leur efficacité, et vise à terme à trouver une forme de remboursement pour certaines d’entre elles, via le budget des soins de santé.

Les différences et divergences de modèles entre régions et fédéral (par exemple, centralisation ou non des données de santé dans le réseau, usage de BELRAI) ont entraîné, en 2018, de multiples réunions en vue d’accorder les violons des différents intervenants, et résulté en la publication, en juillet 2019, du Protocole d’accord de la Conférence Interministérielle Santé (CIM), signé par les 8 ministres (!) de la Santé.

Ce nouveau Plan e-Santé 2019-2021 constitue une changement profond de la méthodologie, de la stratégie, et de l’opérationnalisation: on ne parle plus de plans d’action thématiques, comme auparavant les 20 thèmes spécifiques retenus (DMG, DPI, Dossiers pharmaceutiques,…) mais de 7 programmes comportant 44 projets. Donc, évidemment, et qui s’en étonnerait encore, création de directeurs de programmes et chefs de projets, et des nécessaires coordinateurs entre ces responsables et les organisations de patients, les prestataires de soins, l’industrie, les mutualités et les tutelles (fédéral, régions, Inami, SPF Santé, plateforme eHealth…).

Les 7 programmes rassemblent tout ce qui a trait au système de support, aux incitants, à la mise en œuvre des outils, aux prestataires, au patient copilote, et aux mutuelles.

La mise en place se confronte à de grosses difficultés, d’origines multiples: infrastructure, manque d’interopérabilité, langages informatiques dépassés selon certains.

La complexité des institutions belges de gouvernance, les concepts parfois divergents entre elles (par exemple la mise en place des coffres-forts), les contraintes budgétaires, ralentissent aussi la mise en œuvre du nouveau plan, sans compter que la réceptivité du terrain n’a pas été analysée avant la conception du plan, chose qui sera faite post hoc avec l’enquête eHealth Monitor.

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