Dr Lamelyn: « Les datas doivent devenir l’allié du médecin pour dégager du temps pour les soins »

Le Dr Quentin Lamelyn, nouvel adjoint à la direction médicale et responsable Data du CHU Tivoli à La Louvière, ne veut pas que  « le personnel soignant reste esclave d’un système qui oblige à collecter des données »

Les hôpitaux du centre du Hainaut sont en pleine réforme et en discussion autour de la construction du réseau Helora. Au CHU du Tivoli, le Dr Quentin Lalemyn est devenu le nouvel adjoint à la direction médicale et responsable Data. Ce n’est pas un inconnu loin de là puisqu’il s’est investi depuis le début de ses études notamment dans la défense du travail des étudiants en médecine et des médecins assistants en formation (CIUM, CIMACS...) et aujourd’hui il poursuit son combat à l’Absym. Il continue par ailleurs à se former: “Je poursuis mes études avec le Master de santé publique de l’école de santé publique de l’ULB qui dure deux ans.”

Le CHU Tivoli est composé d’environ 1500 personnes (1114,73 ETP) et 200 médecins spécialistes. Face aux pénuries nombreuses de personnel et à la quantité de travail, il espère pouvoir aider l’institution aussi dans la gestion des datas pour améliorer le travail de chacun(e). Responsable Data, il aspire à certaines évolutions. Ce domaine ne lui est pas inconnu puisqu’il avait exercé une fonction analogue chez Epicura voici un peu plus de deux ans : « Comme dans de nombreux hôpitaux, au CHU Tivoli, il y a un manque cruel de personnel de première ligne. A cela s’ajoute des impératifs administratifs qui consomment un temps de travail pantagruélique. Je voudrais qu’on utilise mieux les données pour que l’on puisse automatiser certains processus et libérer un peu de temps pour les actes de soins et les actes techniques. Nous sommes esclave d’un système qui nous pousse à collecter de façon analogique tout un tas de données. » 

Son objectif est d'optimiser le fonctionnement des services : « Ceci doit permettre in fine de garantir une santé financière pérenne pour l'institution en conservant des soins de qualité et humains. »

La récolte des données nuit à la formation 

Pour lui, la gestion des séjours repose actuellement beaucoup trop sur les cliniciens. « Le système de financement hospitalier auquel s'attaque le ministre Vandenbroucke ne permettra plus de tamponner une mauvaise gestion hospitalière avec de l'honoraire médical (pour rappel 40% du financement hospitalier actuel = honoraires médicaux et 40% BMF, pour 2025 on va vers du 100% BMF). » 

Il donne un autre exemple : « La demande croissante et exponentielle en collecte de données imposée par l'évolution technologique nuit à la formation par exemple des étudiants en médecine qui se retrouvent bien trop souvent relégués au rang de secrétaire médical. »

Il prend aussi l’exemple de la cellule RHM :  « Dans quelques années, nous n’aurons plus besoin d’autant de codeurs. Les codes ICD-10 (diagnostic) pourront être extraits directement du dossier patient informatique. Les codeurs, comme beaucoup d'autres travailleurs hospitaliers, verront probablement leur fonction évoluer dans les prochaines années. »

Comprendre le terrain

Pour rappel, le RHM sert de base au financement des hôpitaux, au soutien de la politique et à la recherche scientifique. Les hôpitaux peuvent également s’en servir pour leur gestion interne. Le RHM contient certaines données relatives aux admissions que les hôpitaux sont obligés d’enregistrer et de communiquer à l’État fédéral : le diagnostic posé, la durée et le lieu de l’hospitalisation, les interventions nécessaires, etc. « Cette réalité, je la connais bien puisque chez Epicura durant les vagues successives de covid, j’ai dû remettre la blouse ce qui m'a permis d'avoir une meilleure perception des problèmes de terrain et de comprendre où appuyer pour qu'un changement positif se fasse. »

Il compte poursuivre la recherche aussi: “J’espère que nous pourrons lancer quelques initiatives intéressantes à partir des données épidémiologiques. La médecine évolue à ce niveau. Par ailleurs,  la mise en réseau des hôpitaux (et donc de leurs données) et les databases nationales ouvrent de nouvelles perspectives pour le monde de la recherche dont une grande partie du travail consistait initialement à la constitution de bases de données. » 

Enfin, sur le terrain, l’hôpital du Tivoli collabore beaucoup avec le CHU Ambroise Paré et CHR Haute Seine de Soignies : « Au niveau du réseau Helora, il existe encore de nombreuses incertitudes qui retardent les mises en réseau des hôpitaux bien que dans les faits nous travaillons déjà avec nos voisins du Groupe Jolimont et Ambroise Paré ».

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