Télésurveillance de la grossesse à domicile: aussi sûre que l’hospitalisation ?

La télésurveillance à domicile des grossesses compliquées est aussi sûre qu’une hospitalisation en ce qui concerne l’issue de la grossesse, selont les résultats de l’étude de l’UMC Utrecht et de l’Erasmus MC, publiés dans The Lancet Digital Health.

Les femmes dont la grossesse est compliquée doivent souvent être hospitalisées. Elles présentent, notamment, une tension artérielle trop élevée, une rupture des membranes ou un retard de croissance du fœtus. Parfois, ces femmes sont hospitalisées pendant plusieurs semaines. Des enregistrements vidéo du cœur de l’enfant à naître sont réalisés chaque jour, les symptômes sont contrôlés et les paramètres sont mesurés. Elles sont alors confrontées à une problématique d’hospitalisation lourde, qui peut provoquer chez elles de l’anxiété et une humeur sombre. De plus, leur partenaire et leur famille leur manquent.

Le Pr Mireille Bekker (UMC Utrecht) et le Pr Arie Franx (Erasmus MC Rotterdam) ont dès lors mis sur pied une étude afin de déterminer si la télésurveillance à domicile était une possibilité sûre. La télésurveillance à domicile est une alternative prometteuse, qui répond à un besoin mondial dans le domaine des soins de santé (obstétriques).

Le Pr Bekker et le Pr Franx ont évalué la sécurité, la satisfaction des patientes et le coût de la télésurveillance à domicile par rapport aux soins à l’hôpital en cas de grossesse compliquée.

Plus grande satisfaction
La télésurveillance à domicile s’est avérée une alternative sûre. Quatre semaines après l’accouchement, aucune différence en termes de bien-être mental et physique n’a été observée entre le groupe de télésurveillance et le groupe témoin. « Nous pouvons clairement parler d’une plus grande satisfaction chez les patientes qui ont réalisé les vidéos du cœur du fœtus et qui ont mesuré leur tension artérielle quotidiennement chez elles», déclare le Pr Bekker.

«Par ailleurs, le coût des soins par patiente a diminué de 18 %, puisque le nombre d’hospitalisations a pu être limité. Le coût des soins augmente et nous connaissons une pénurie de personnel soignant. Nous avons donc la responsabilité partagée d’organiser les soins différemment, d’une manière financièrement abordable, en donnant la priorité aux intérêts des patients. Cette étude montre que c’est possible et est un exemple de la transition innovante dans le domaine des soins», explique le professeur.

Deux cents femmes enceintes ont participé à l’étude depuis l’UMC Utrecht et cinq autres hôpitaux néerlandais. Le critère d’évaluation principal de l’étude était composé de diverses issues défavorables de la grossesse pour la mère et/ou pour l’enfant. L’étude était conçue selon un plan de « non-infériorité », dans le cadre duquel il avait été déterminé au préalable que les différences jusqu’à 10 % du critère d’évaluation principal seraient considérées comme une preuve que la télésurveillance n’est pas moins bonne que l’hospitalisation.

«Cette première étude randomisée est une preuve de grande qualité que la télésurveillance peut s’avérer aussi sûre que l’hospitalisation en ce qui concerne la surveillance des grossesses compliquées, en association avec une réduction des coûts et une plus grande satisfaction des patientes. Les résultats sont importants dans la recherche d’alternatives aux hospitalisations coûteuses, par exemple des traitements à domicile sous la responsabilité d’un spécialiste médical», précisent les chercheurs.

  • The Lancet Digital Health. Home telemonitoring versus hospital care in complicated pregnancies in the Netherlands: a randomised, controlled non-inferiority trial (HoTeL). https://doi.org/10.1016/S2589-7500(22)00231-X

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Derniers commentaires

  • Freddy Piron

    08 mars 2023

    Comment Les patientes arrivent à filmer les vidéo du coeur du foetus à domicile ?

  • Marc DE SMEDT

    04 mars 2023

    Les chercheurs ont facile de se retrancher derrières leurs chiffres, mais la réalité individuelle est tout autre.
    Le but ultime est toujours de faire des économies et l'étude est clairement orientée dans ce sens.
    Si, il y a 30 ans, ma femme n'avait pas été hospitalisée, ma fille n'aurait probablement pas survécu à sa naissance prématurée.
    C'est vrai qu'un nouveau-né mort ou plus ou moins gravement handicapé ne représente pas grand-chose dans des statistiques faites sur des milliers de bébés, mais en ce qui concerne ma fille l'hospitalisation a été bénéfique à 100%.
    Et que l'on ne vienne pas me raconter qu'une femme à la maison, qui a parfois d'autres petits enfants, se repose autant à la maison que si elle est obligée d'être couchée à l'hôpital.

  • Paul JONCKHEERE

    02 mars 2023

    Ce sont souvent les cas sociaux qui spnt le moins bien surveille.