Un nez électronique pour détecter le sepsis aux urgences

Le sepsis demeure l’une des principales causes de décès dans le monde, avec une mortalité hospitalière élevée. Sa reconnaissance rapide est essentielle pour éviter des complications graves, mais jusqu’à 40 % des cas ne sont pas identifiés à temps aux Urgences. Une technologie émergente, le nez électronique (eNose), pourrait améliorer le dépistage en analysant les composés organiques volatils (COV) présents dans l’air expiré des patients.

Lorsqu’un patient développe un sepsis, une cascade de réactions immuno-métaboliques modifie son métabolisme cellulaire. La production d’oxyde nitrique et d’espèces réactives de l’oxygène perturbe la respiration mitochondriale, entraînant une libération accrue de COV spécifiques. Ces substances, détectables dans l’air expiré, reflètent les altérations biologiques induites par l’infection et l’inflammation.

Des recherches récentes suggèrent que l’eNose, capable d’analyser des mélanges gazeux complexes, pourrait identifier ces profils de COV pour distinguer précocement un sepsis d’une infection non compliquée. Cette technologie non invasive pourrait ainsi faciliter une prise en charge plus rapide et réduire l’administration d’antibiotiques à large spectre lorsque cela n’est pas nécessaire.

Une étude pilote prometteuse

Une étude monocentrique a évalué l’efficacité de l’eNose auprès de patients admis aux Urgences avec une suspicion d’infection. Les mesures du dispositif ont été comparées aux critères de diagnostic du sepsis, établis rétrospectivement selon la classification Sepsis-3.

Les résultats indiquent que l’eNose présente une aire sous la courbe ROC (AUROC) de 0,78 pour détecter un sepsis, avec une sensibilité de 72 % et une spécificité de 73 %. Dans le modèle de validation, l’AUROC atteint 0,83, avec une sensibilité de 71 % et une spécificité de 83 %, suggérant une capacité discriminante supérieure aux outils conventionnels de dépistage.

Des perspectives encourageantes

Si cette étude souligne l’intérêt de l’eNose pour le triage rapide des patients aux Urgences, certaines limites subsistent. L’échantillon étudié était restreint et concernait exclusivement un hôpital universitaire, ce qui pourrait limiter la généralisation des résultats. De plus, les patients chirurgicaux ont été exclus de l’analyse, empêchant d’évaluer son efficacité pour les cas de sepsis postopératoires.

Malgré ces limites, ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles approches pour le diagnostic précoce du sepsis, avec un potentiel d’intégration aux protocoles d’évaluation clinique.

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