L’«Uberisation» des soins de santé a commencé

Les contacts médecins-patients seront bientôt très différents, et ce à bien des égards. «Environ un tiers des consultations pourront être assurées par un ‘kiosque’, dont la salle d’attente aura l’apparence d’un siège d’avion de première classe» – une affirmation intéressante parmi tant d’autres, entendue au cours du congrès Health by Technology 1.0 organisé récemment à l’AZ Damiaan.

Ce futur est déjà en préparation. Il existe ainsi un siège doté d’une batterie d’appareils de mesure déjà en partie utilisé à la clinique du diabète de l’hôpital Sint-Niklaas, par exemple. En attendant la consultation, on procède à la lecture du glucomètre et à la mesure du poids, du BMI, de la tension, de la saturation et du pouls.

Créer des liens avec d’autres bases de données est souvent une évolution nécessaire. «À l’heure actuelle, nous couplons déjà des bases de données sans les déverrouiller, ce qui n’est pas toujours évident», observe Jo De Boeck, CTO chez Imec.

Jo De Cock, administrateur général de l’Inami, est également conscient que nous nous trouvons actuellement dans une phase de transition. «Nous sommes un peu assis entre deux chaises. Le tout est d’incorporer cette réalité technique au système de santé, ce qui nécessite une bonne maîtrise des connaissances et de leur désenclavement. Pour cela, chacun doit toutefois oser quitter son île et s’intégrer dans des réseaux, ce qui est possible moyennant des garanties qui génèreront la confiance nécessaire.» (1)

La plateforme e-Health a été créée en 2008. «Elle dispose aujourd’hui de cinq pôles (‘hubs’) où les données peuvent être déverrouillées. Nous n’avons pas voulu opter pour un stockage centralisé pour des raisons de sécurité. Il faut néanmoins avoir les mêmes chances de rendre les données accessibles partout sur le territoire belge.» Le projet Health Data a été lancé l’année dernière dans le but de déterminer quelles sont exactement les informations disponibles. «Il existe 150 registres médicaux. Le but est de pouvoir systématiquement les intégrer et les compléter par des données e-Health.»

Un juste milieu

La manière d’utiliser et de gérer cette multitude de données génère aussi un certain nombre de dilemmes.

«Si vous faites réaliser un examen radiologique suite à une chute et qu’il apparaît à cette occasion que vous souffrez d’un cancer du poumon, il est du devoir du médecin de le signaler», explique Koen Kas, professeur d’oncologie. «Si votre génome était accessible, il devrait aujourd’hui vous informer de 57 mutations découvertes de manière fortuite. Cet équilibre va toutefois se déplacer lorsque nous pourrons identifier ainsi plusieurs milliers de mutations sur lesquelles il est possible d’agir plutôt que quelques dizaines. Nous allons devoir y réfléchir.»

«Comment réorienter complètement le système de la biologie clinique?», enchaîne Jo De Cock. «Où est la limite entre un dispositif médical et une application informatique? Comment les étalonner? Il faut toutefois éviter de nous laisser paralyser et nous concentrer sur les opportunités, tout en restant attentifs et en prenant en considération les risques potentiels… car d’une manière ou d’une autre, l’ ‘Uberisation’ des soins de santé est en marche.»

 

(1) Pour une feuille de route des prochaines années, rendez-vous sur www.plan-esante.be.

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