Voici trois ans qu’Azèle Mathieu a rejoint MSD Belgium comme « Innovation Lead - Associate Director ». Sa volonté affichée était de « construire un nouveau pont entre l’e-santé, les technologies médicales et le secteur pharmaceutique : un pont entre les produits de santé traditionnels et les solutions innovantes digitales permettant de faciliter la pratique des médecins ou l’expérience des patients. » 

Elle souhaitait aussi « décloisonner le secteur :  allier les acteurs de l’industrie pharmaceutique, avec les fournisseurs de technologies médicales et les organisations de soins. Et ce afin d’offrir au patient une solution médicale holistique tout en renforçant les collaborations et les synergies. »

Elle poursuit certains de ses objectifs, comme celui-ci d’accompagner l’industrie a être considérée comme un véritable partenaire santé. « Ma vision du monde pharmaceutique est d’ être un partenaire santé, de proposer les produits les plus innovants, accompagnés de solutions qui couvrent le trajet de soins du patient et qui ne se limitent pas au moment du traitement uniquement, et ce en rencontrant les utilisateurs, en comprenant mieux les besoins et les réalités des autres acteurs santé (médecins, hôpitaux, pharmaciens, médecins généralistes...). 

A cette fin, MSD a, par exemple, co-fondé Coalition Next qui est un véhicule qui permet de s’enrichir de la réalité des autres acteurs.  « Les Innovations leads des hôpitaux interagissent avec les médecins lorsque nous avons une idée ou un projet pour avoir leur avis. Nous allons, cette année, cocréer plus encore avec les médecins. Nous voulons que les médecins puissent nous expliquer les avantages et les inconvénients qu’ils voient à telle ou telle solution. Cela doit nous permettre de retourner après vers les start-ups pour expliquer les évolutions qu’il convient de mettre en place. »

Le patient au centre

Le patient n’est pas oublié dans la réflexion : « Avec la Patient Engagement de MSD, lorsque nous réfléchissons à une solution innovante, nous allons travailler main dans la main avec les patients et évaluer les problèmes sur les trajets de soins. Nous leur demandons leur feedback sur les solutions proposées. On sait que l’on ne connaît pas « comment le patient vit avec sa maladie ». Nous travaillons avec différents groupes de patient ou des patients individuels. Ils amènent des nouvelles idées et nous écoutons. »

Un exemple pour l’expliquer : « Concrètement, quand nous allons lancer un nouveau médicament, nous pensons au parcours patient : nous analysons toutes les étapes par lesquelles le patient doit passer comme, par exemple, quand un patient vit 10 ans avec une maladie chronique avant d’être diagnostiqué. Parfois, nous excluons des solutions où l’on voit, en parlant avec eux, qu’elles ne sont pas pertinentes dans leur réalité. »

Cette réflexion prend évidemment en compte la fracture numérique : « Nous sommes aussi très sensibles au fait que tous les patients ne sont pas égaux face à l’accessibilité et à l’utilisation de nouvelles technologies. C’est un sujet très important pour MSD Belgique qui a lancé en 2013 HealthNest (Healthnest - HealthNest-ENHealthnest - HealthNest-EN). 

Nous y prêtons très attention dans les projets que nous soutenons. Récemment nous avons eu l’opportunité de soutenir une initiative très prometeuse, initiée par plusieurs universités et hôpitaux bruxellois,  où ils réfléchissent à un projet « après le cancer » portant sur l’accompagnement qui pourrait être mis en place pour aider les patients en rémission d’un cancer, portant sur les aspects physiques (exercice, alimentation,…) émotionnels et professionnels notamment. ... Une solution digitale pourrait jouer un rôle intéressant dans ce cadre, les porteurs du projet réfléchissent dès à présent à l’accès pour tous les patients, quel que soit leur degré de littératie en santé digitale.»

Le lien avec les médecins

Les médecins sont au coeur de chacun de ces  projets : « Quand nous mettons en place un projet qui va au-delà du médicament, nous voulons toujours faire le lien avec le médecin. De plus en plus souvent, les médecins viennent chez nous avec des projets : il s’agit plus de médecins-spécialistes. Quand, par exemple, ils veulent faire du suivi d’un de nos médicaments quand le patient est à la maison (comment le patient se sent, comment cela se passe...), ils nous demandent quelle solution digitale ils pourraient utiliser. »

Cybersécurité

Tous les projets n’aboutissent pas nécessairement : « Récemment, nous nous sommes penchés sur le transport par drones de médicament. Nous avons exploré la faisabilité. MSD fait ce type de transport aux USA. En Belgique, évidemment, il faut encore que la législation évolue. »

Enfin, la sécurité est évidemment au coeur du processus en ces temps d’attaque cyber : « Quand nous soutenons une solution, le fournisseur de celle-ci doit compléter plusieurs assessments très spécifiques pour démontrer que sa solution est fiable, sécurisée, respecte le RGDP, que la société est indépendante, respecte les différentes législations en vigueur, etc.»