Les professionnels de santé croient aux apports des outils numériques, mais les utilisent peu (Baromètre Odoxa)

 Les résultats de la onzième vague du baromètre français "santé 360" d'Odoxa présenté le 26 mars conforte l'image positive des nouvelles technologies dans la santé mais pointe un recours encore "extrémement limité" aux services digitaux et aux outils de la santé connectée. Comme le constate notre confrère français TIC Santé tous les échantillons interrogés par l'étude estiment, à une grande majorité, que le développement du numérique améliorera l'observance des traitements et des prescriptions (78% des Français et 86% des directeurs d'hôpitaux), la coopération et les relations entre professionnels soignants (77% et 85%), la qualité de soins (75% et 84%), et l'implication des patients dans l'élaboration et le suivi de leur traitement (74% et 87%).

Pour 76% des médecins, les nouvelles technologies du digital permettront de "prendre des décisions thérapeutiques plus sereines et plus éclairées", et pour 66%, elles permettront de renforcer leurs compétences et qualifications.

Pour 84% des médecins et 87% des directeurs d'hôpitaux, les objets et services numériques sont aussi un moyen d'améliorer la prévention.

Les professionnels de santé, médecins et cadres français sont un peu plus prudents quant à l'impact des technologies sur le temps de travail. Alors que 80% des Français estiment que le numérique fait gagner du temps aux personnels soignants, la part des médecins et directeurs à partager cet avis est plus faible, à respectivement 71% et 70%.

On constate la même prudence sur l'impact des technologies sur la relation patient-soignant. Si la majorité des patients (61%) juge que le développement de la technologie et du numérique en santé renforcera "la qualité de la relation entre le patient et la personne qui le soigne car le personnel soignant pourra accorder plus de temps à la relation humaine avec les patients", seuls 54% des directeurs d'hôpitaux partagent cet avis. 

La majorité des Français interrogés perçoivent "avec espoir" le recours aux outils numériques comme les objets connectés pour le suivi post-hospitalisation (77%) ou l'utilisation de la télé-expertise pour solliciter l'avis d'un spécialiste (68%).

Peu d'objets connectés recommandés

Le baromètre d'Odoxa constate que "la recommandation et l'usage d'outils et services numériques est encore très faible, tant auprès des patients que des professionnels de santé, alors que tous y semblent prêts".

Ainsi, seulement 14% des Français disent que leur médecin leur a déjà recommandé un objet connecté médical ou grand public, alors que 80% d'entre eux seraient prêt à l'accepter.

"Les médecins ne semblent pas le réaliser et surestiment vraisemblablement leur propension à recommander ce type d'outils pour leurs patients", note Odoxa, soulignant que 50% des médecins disent faire ces recommandations, soit trois fois plus que le niveau déclaré par les patients.

Une majorité de Français (61%) souhaiterait aussi que les médecins accèdent avec leur smartphone à leur dossier médical, et 43% voudraient qu'ils puissent le modifier par ce biais, alors que ces pratiques sont aujourd'hui "extrêmement limitées", selon les résultats du baromètre.

Seuls 17% des médecins accèdent au dossier médical du patient avec leur smartphone. Ils sont 41% à recevoir sur leur téléphone des informations de leurs confrères sur leurs patients, 27% envoient eux-mêmes des informations à leurs patients par ce biais, et 20% reçoivent des alertes sur leur patientèle.

Impact du numérique sur la satisfaction des patients

Du côté des établissements de santé, les usages s'avèrent aussi en décalage avec l'image perçue des technologies, globalement très positive.

Seuls 28% des directeurs d'hôpitaux interrogés ont ainsi déclaré disposer de la prise de rendez-vous en ligne dans leur établissement, 21% pratiquent la pré-admission en ligne, 17% ont des bornes d'accueil interactives et 18% permettent aux patients de disposer de leurs données de santé via leur dossier médical partagé (DMP).

Le baromètre d'Odoxa estime pourtant que les outils et services digitaux en santé sont "un levier puissant de la satisfaction". "La satisfaction est supérieure de 25 points auprès des patients estimant que leur hôpital est en avance en matière de nouvelles technologies, par rapport à ceux qui jugent que leur hôpital est en retard sur ce plan", est-il précisé.

Le déploiement d'outils numériques a aussi un impact sur la performance globale des soins en France, perçue par les patients.

Ainsi, 52% des patients qui jugent que leur hôpital n'est pas à la pointe des nouvelles technologies placent la France comme le meilleur des grands pays testés par le baromètre en termes de soins. Cette proportion grimpe à 69% chez ceux qui ont fait l'expérience d'un hôpital plus avancé sur sa transformation numérique.

Odoxa considère donc que le numérique pourrait permettre de redresser une satisfaction des patients en net recul. Entre juin 2016 et mars 2018, l'institut a enregistré une chute de 15 points des citations "France" comme pays le plus performant en matière de soins hospitaliers.

*Sondage mené en mars 2018 auprès d'un échantillon de 1.002 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, de 322 médecins et 176 directeurs d'hôpitaux.

> Le Baromètre santé 360 d'Odoxa sur les "Nouveaux usages en santé"

(Source TIC Santé)

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