Des dispositifs connectés pour prévenir le suicide

La prévention du suicide fait face à des défis importants. Les dispositifs connectés semblent bien indiqués pour prendre le relai dans l’intervalle des différents contacts médicaux.

Pour pallier le besoin d’un suivi continu des patients en phase post-critique des tentatives de suicide, la santé connectée a fait l’objet de recherches de la part d’un scientifique français, dans le cadre d’une thèse de doctorat.  Le chercheur analyse plusieurs moyens d’exporter le contact clinicien-patient en dehors des murs hospitaliers, notamment via SMS et une évaluation en temps réel de différents symptômes psychologiques.

Prendre le relais

La prévention du suicide fait face à des défis importants liés à la caractérisation  d’individus à risque de commettre une tentative de suicide. L’imprévisibilité du développement aigu des symptômes liés aux tentatives de suicide fait que le plus souvent, la prise en charge au long cours débute dans le contexte de la prise en charge aiguë de la tentative au service d’urgences. Cette dernière constitue un facteur de risque majeur de mortalité par la suite. Le suivi psychiatrique étant situé à des points déterminés dans le temps, les dispositifs connectés semblent bien indiqués pour prendre le relais dans l’intervalle des  différents contacts médicaux.

Pas de substitution au contact clinique

Ceci était l’objectif d’une thèse de doctorat d’un scientifique français, Sofian Yahia-Berrouiguet à l’Université de Bretagne Loire. Le scientifique analyse notamment le suivi inter critique des sujets à risque par une communication via SMS, via des objets connectés ou encore par des auto-questionnaires auxquels le patient répond activement. Dans la perspective utilisée, l’outil connecté est présenté comme une aide importante ne se substituant pas au contact clinique jugé fondamental.

Intégrer plusieurs outils

La travail scientifique met  en perspective l’importance de l’intégration de plusieurs outils dans le suivi des patients à risque de suicide. Premièrement, une évaluation écologique (pouvant être donc étendue à l’ensemble de la population) constituée d’auto-questionnaires numérisés permettant d’identifier à distance des signaux devant attirer l’attention du clinicien ; deuxièmement l’intérêt du monitoring sommeil (dont les troubles sont des indicateurs importants du suicide) et troisièmement la caractérisation de « pattern comportementaux » basés sur le big data recueilli via smartphone à grande échelle.

Le scientifique tire néanmoins la sonnette d’alarme sur les contraintes importantes imposés par les états européens sur la santé connectée  et la problématique d’un marché des applications santé restant non régulé. Enfin, il analyse le danger éthique de passer de la prévention du suicide, au déterminisme : « lorsqu’un sujet est identifié, son destin n’est pas scellé à une issue fatale par suicide, il faudra être prudent afin d’éviter que les approche passent d’ explicative à prédictive, puis de prédictive à déterministe» déclare le Dr Yahia-Berrouiguet.

Santé connectée et prévention du suicide : vers une aide à la décision

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