Les infirmières virtuelles — des infirmiers travaillant à distance via écrans et outils numériques pour soutenir les équipes au lit du patient — font l’objet d’une évaluation dans une étude publiée récemment en ligne dans JAMA Network Open. Fondée sur les réponses de 880 infirmières de terrain issues de 418 hôpitaux dans dix États, l’analyse met en évidence des effets hétérogènes sur la charge de travail et la qualité des soins.
L’étude s’appuie sur les données du Nurses4All Survey 2024, conduit entre décembre 2023 et mars 2024. Les auteurs ont examiné les services effectivement assurés à distance par les infirmières virtuelles, ainsi que l’appréciation des infirmières au chevet quant à l’impact sur leurs tâches, l’organisation des soins et la qualité perçue.
Les infirmières virtuelles assurent d’abord des missions d’observation clinique (53 % des répondantes), d’accompagnement des admissions et sorties (45 %) et d’éducation du patient (37 %). Des activités plus ponctuelles sont également mentionnées, telles que le triage, la documentation, le mentorat des équipes ou les consultations spécialisées.
Concernant la charge de travail, 57 % des infirmières déclarent que l’arrivée des infirmières virtuelles n’apporte aucun allègement, et 10 % rapportent même un surcroît de tâches. Parmi les 43 % pour qui la charge diminue, seules 8 % décrivent une réduction importante. La perception est également mitigée sur la qualité des soins : 53 % estiment une amélioration, mais seulement 11 % jugent cette amélioration substantielle. Près de la moitié (47 %) ne perçoivent aucune modification, et 4 % évoquent une dégradation.
Les commentaires libres recueillis précisent les domaines jugés utiles — surveillance à distance, documentation, suivi administratif — mais aussi les limites observées. Les infirmières mentionnent des difficultés liées aux effectifs disponibles, à la méfiance de certains patients vis-à-vis de la communication virtuelle, et à des inefficacités de flux de travail lorsque la coordination technique ou organisationnelle n’est pas optimale.
Les auteurs rappellent que l’essor de l’infirmière virtuelle s’inscrit dans un contexte de tension structurelle : burnout élevé, difficultés de rétention et rotation annuelle de 16,4 % en 2024 dans les services hospitaliers. Ce modèle vise à soutenir les équipes au chevet sans compromettre la sécurité ou les résultats cliniques, mais les données hors soins intensifs demeurent limitées alors que la majorité des patients y sont âgés ou fragiles.
Selon les conclusions de l’étude, la mise en œuvre de ce modèle requiert prudence et évaluation continue. L’intégration d’infirmières virtuelles peut contribuer à la surveillance ou à certaines tâches administratives, mais ses bénéfices sur la charge de travail et la qualité des soins restent loin d’être uniformes.







