Le Conseil supérieur de la santé (CSS) appelle à une meilleure protection des jeunes lorsqu'ils utilisent les écrans, en particulier les réseaux sociaux. "Les écrans et les réseaux sociaux font désormais partie intégrante de la vie des enfants et des jeunes", indique le CSS jeudi."Dans certains cas, leur utilisation peut nuire à leur santé physique et mentale."
Le Conseil Supérieur de la Santé propose donc de nouvelles recommandations adaptées à l'âge afin de réduire les risques tout en préservant les bénéfices potentiels pour les jeunes qui grandissent dans un monde numérique.
La plupart des experts du CSS ne sont pas favorables à une interdiction totale des smartphones avant 13 ans, invoquant un manque de preuves scientifiques suffisantes et des difficultés pratiques importantes. Le CSS préconise donc une approche progressive.
L'instance préconise de limiter l'exposition aux écrans avant 24 mois, puis l'introduire progressivement, idéalement en faisant du co-visionnage parent-enfant.
Par précaution, le CSS recommande de ne pas créer de comptes sur les plateformes numériques avant l'âge de 13 ans sans consentement parental, et de ne pas permettre une utilisation passive sans supervision parentale. Il recommande aussi de bannir le smartphone pendant les repas et à partir du coucher.
De 13 à 16 ans, l'accent doit être mis sur le dialogue et l'éducation aux médias, en guidant progressivement les enfants vers une utilisation responsable et autonome des écrans, avance le CSS.
Le CSS préconise par ailleurs une approche intégrée, l'utilisation des écrans devant être comprise comme faisant partie d'un défi sociétal plus large. "Seule une combinaison coordonnée d'actions éducatives, préventives, réglementaires et de soutien peut réduire les risques tout en préservant les bénéfices potentiels des technologies numériques pour les jeunes", selon le CSS.
L'utilisation des écrans doit être comprise comme faisant partie d'un défi sociétal plus large. Des mesures isolées ne suffiront pas. Le CSS préconise donc une approche intégrée et multisectorielle, via notamment la promotion des activités hors-ligne, la formation et le soutien, aux parents et aux professionnels de l'éducation et de la santé, l'intégration de l'exposition aux écrans dans les bilans de santé réguliers. L'instance préconise aussi d'obliger les plateformes à assumer leurs responsabilités en faisant preuve de transparence sur le fonctionnement des algorithmes, en appliquant les principes de "sécurité dès la conception" et en renforçant le contrôle des contenus. Elle est aussi favorable à la création d'un centre d'audit indépendant pour surveiller les pratiques numériques en temps réel et anticiper les impacts des technologies émergentes telles que l'intelligence artificielle.
"La mise en œuvre de ces politiques nécessitera l'implication active de toutes les parties prenantes - jeunes, parents, écoles, acteurs de la littératie médiatique, professionnels de la santé et du bien-être, organisations communautaires, forces de l'ordre et autorités publiques", indique le CSS. "Les politiques doivent également tenir compte des différences culturelles et socio-économiques afin de garantir que les recommandations soient adaptées aux différents contextes et niveaux d'accès technologique, et combiner ces mesures avec d'autres visant à améliorer la santé (mentale) des jeunes", conclut l'organe d'avis scientifique du SPF Santé publique.
Réaction de la ministre en charge du Numérique
Le rapport du Conseil supérieur de la Santé (CSS) sur les effets de l'utilisation des écrans et des médias sociaux sur les jeunes "confirme la nécessité de mettre en place une véritable protection des jeunes en ligne avec un âge minimum pour l'accès aux réseaux sociaux", a réagi la ministre en charge du Numérique, Vanessa Matz.
Le rapport du CSS souligne clairement qu'au-delà de la question d'un âge minimum, un système de vérification de l'âge doit être instauré pour garantir le respect de la limite d'âge, a-t-elle ajouté.
"Je suis déterminée à doter la Belgique d'un cadre législatif robuste dans lequel une vérification de l'âge sera effective via une authentification numérique", a assuré Mme Matz. Selon cette dernière, le Parlement entamera prochainement des travaux sur la question de la protection des jeunes en ligne et la fin de l'anonymat malveillant en ligne.
"À l'issue des travaux menés au Parlement et les recommandations élaborées par ce dernier, je déposerai un projet de loi qui garantit la protection des mineurs en ligne en adéquation avec les travaux européens menés sur le sujet", a-t-elle conclu.







