L’intelligence artificielle s’impose progressivement dans les hôpitaux, relève la députée PS wallonne Eliane Tillieux dans une intervention récente au parlement , où elle met en avant les freins liés au manque de formation, de moyens et d’expertises pour assurer un déploiement sécurisé. Le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, souligne pour sa part l’avance des milieux académiques et médicaux francophones et évoque le potentiel de l’IA pour améliorer les conditions de travail et renforcer l’efficacité des services.
L’intelligence artificielle s’installe dans les hôpitaux. Des algorithmes aident à réduire la consommation d’antibiotiques, à mieux répartir les ressources ou à rédiger les comptes rendus médicaux. L’IA peut devenir un levier de qualité de soins, d’efficacité et d’humanité, si et seulement si elle est encadrée et maîtrisée. « Néanmoins, le manque de formation, de moyens financiers et d’expertises spécifiques freine son déploiement. Selon un récent baromètre, seuls 41 % des hôpitaux belges en font une priorité stratégique », s’inquiète la députée Eliane Tillieux, qui ajoute : « Selon moi, il y a deux points d’attention : la complexité des systèmes numériques. On accumule parfois des plateformes ou des outils en e-santé. On multiplie les coûts, les besoins en formation, le besoin en assistance. Cela complique la gestion des flux de données au niveau clinique… D’autre part, le deuxième risque est le cyberrisque. On l’a malheureusement connu en Wallonie. Dès lors, il faut déployer une stratégie claire et encadrée, une gouvernance structurée, définir le recours aux consultants, évaluer les coûts-bénéfices dans les investissements, transférer les connaissances, permettre qu’elles ne soient disponibles qu’en interne et privilégier les solutions internes ou mutualisées pour limiter les risques et sécuriser sur le long terme. »
Le milieu académique et médical en avance
Selon Yves Coppieters, ministre wallon de la Santé, la Belgique se distingue par son avance significative dans la santé numérique et l’intelligence artificielle. De nombreux projets d’envergure, notamment en Wallonie, réunissent les milieux académique, médical, industriel et citoyen, et se situent à la pointe de leur secteur sur le plan médical. « En précurseur, la Belgique francophone a instauré un enseignement obligatoire sur ces thématiques pour les professionnels de la santé et propose une formation complète à tous les niveaux de l’enseignement supérieur. Cette initiative constitue une première mondiale. »
Une action spécifique visera notamment à établir une série de recommandations liées à l’utilisation de l’IA afin de soutenir les pratiques en santé de manière générale. « Le potentiel de développement économique et d’emplois liés à l’IA appliquée à la santé en Wallonie est important, mais nécessite un suivi structuré et des évaluations régulières. »
En Wallonie, cela implique d’anticiper l’évolution du marché du travail en santé, de développer massivement les programmes de mise à jour et d’orientation pour ces professionnels – soignants, gestionnaires, métiers supports –, et d’accompagner les travailleurs dans certaines tâches automatisées. « Je suis persuadé que l’IA peut aussi améliorer les conditions de travail, renforcer l’efficacité des services de santé et attirer de nouveaux talents spécialisés. Enfin, la mise en place d’un new learning deal sectoriel, d’outils de veille, d’un marché de compétences et de programmes de formation continue structurés constituerait une base solide pour mesurer et maximiser l’impact économique et social du déploiement de l’IA dans la santé wallonne. »







