Un robot chirurgical autonome réalise avec succès une opération complexe de la vésicule biliaire

© Johns Hopkins University

Un robot doté d’intelligence artificielle a effectué sans assistance humaine une ablation de la vésicule biliaire sur un cadavre de porc, avec un taux de réussite de 100 %. Ce jalon, rapporté par New Scientist, ouvre la voie à des interventions automatisées sur des patients vivants d’ici dix ans.

Un système chirurgical expérimental mis au point par des chercheurs de l’université Johns Hopkins (États-Unis) a accompli une opération chirurgicale complexe sans l’intervention d’un humain. Pour la première fois, un robot piloté par intelligence artificielle a retiré de manière autonome la vésicule biliaire d’un porc décédé, en dissociant précisément l’organe du foie.

L’intervention a été répétée à huit reprises, avec une constance remarquable : un taux de réussite de 100 % à chaque tentative. “L’avenir est prometteur — et terriblement proche”, a déclaré au New Scientist le Pr Ferdinando Rodriguez y Baena, spécialiste en robotique médicale à l’Imperial College de Londres.

Une IA formée par imitation

L’innovation repose sur une architecture en deux couches. Dans un premier temps, une intelligence artificielle a visionné 17 heures de vidéos opératoires comprenant plus de 16 000 mouvements chirurgicaux. À partir de cette analyse, elle a généré une série d’instructions compréhensibles. Une deuxième couche algorithmique a ensuite converti ces instructions en mouvements tridimensionnels précis des instruments du robot.

Selon le Pr Axel Krieger, qui dirige l’équipe de recherche à Johns Hopkins, ce succès pourrait représenter une étape clé vers “la prochaine génération de systèmes robotiques capables d’assister les chirurgiens, voire d’intervenir de manière autonome dans certains cas.”

Une autonomie encore partielle

Le robot a dû s’auto-corriger à plusieurs reprises au cours de l’intervention. “Il a reconnu ses erreurs initiales et les a corrigées par lui-même, ce qui témoigne de capacités d’adaptation inédites”, souligne Axel Krieger. Toutefois, l’intervention n’était pas totalement autonome : le robot a dû faire appel à un humain pour changer l’un de ses instruments.

La prochaine étape, selon les chercheurs, consistera à tester cette technologie sur des animaux vivants, où les défis liés à la respiration et aux saignements viendront complexifier l’acte opératoire. Des essais sur l’homme pourraient être envisagés dans la décennie à venir.

Ce progrès intervient alors que de nombreuses applications médicales de l’IA se cantonnaient jusqu’à présent à des tâches simples d’assistance. Avec cette avancée, la chirurgie autonome franchit un seuil symbolique, tout en rappelant que l’humain reste, pour l’instant, indispensable au bloc opératoire.

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