Flandre : soupçons de fraude à l'IA lors de l’examen d’entrée en médecine

En Flandre, plusieurs étudiants ont introduit un recours auprès de la commission de l’examen d’entrée en médecine, estimant que certains de leurs collègues auraient triché en utilisant l’intelligence artificielle. C’est ce qu’a confirmé dimanche soir à Belga Jan Eggermont, président de la commission qui organise le concours.

Trois candidats avaient déjà été exclus après avoir été pris en flagrant délit d’utilisation de ChatGPT durant l’épreuve. L’accès à des sites externes est normalement impossible sur les ordinateurs de l’examen, mais ces participants ont tout de même réussi à contourner la règle. Ils contestent aujourd’hui leur exclusion. « C’est la première fois que nous surprenons des étudiants utiliser ChatGPT », a déclaré Jan Eggermont à nos confrères de VRT NWS. « Mais la triche existe depuis toujours », a-t-il ajouté.

Les cas de triche ne se sont de fait pas limités à ChatGPT. Certains candidats ont également tenté de resquiller par d’autres moyens plus classiques. Un participant a ainsi été surpris avec des écouteurs aux oreilles, deux duos ont tenté d’échanger des codes gestuels, et un étudiant a essayé de prendre une photo de l’examen. Tous ont également été exclus.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le concours qui permet d'accéder aux études en médecine ou dentisterie est organisé en un seul lieu, à Bruxelles, et pour tout le monde au même moment, avec des formulaires papier. La situation est différente en Flandre, où depuis quelques années l'examen est décentralisé: on peut le passer à environ 70 endroits différents, en ligne. Les ordinateurs utilisés ne sont pas partout les mêmes, mais une surveillance est prévue dans chaque lieu de concours.  Le président de la commission en charge de l'organisation du concours, Jan Eggermont, a en tout cas reconnu mardi au micro de la VRT que certains candidats avaient techniquement la possibilité d'ouvrir d'autres fenêtres que celle de l'examen sur leur écran d'ordinateur, et donc de consulter un site web extérieur.

Le débat intervient dans un contexte particulier : 2.608 étudiants ont réussi l’examen flamand cette année, contre 1.741 places disponibles en première année de médecine. Le taux de réussite, de 47 %, atteint un niveau inédit. En comparaison, il n’était que de 18,9 % en 2024 et de 36,7 % en 2023.

Selon Jan Eggermont, cette hausse s’explique par une décision de la commission : « En 2024, l’examen était jugé beaucoup trop difficile. Nous l’avons adapté cette année aux capacités des étudiants, ce qui explique une augmentation du taux de réussite. » Le nombre record de candidats, 5.544 contre 4.814 en 2024 et 4.545 en 2023, a également contribué à gonfler les chiffres.

Les recours introduits seront examinés à partir de lundi. « Sur les réseaux sociaux, des rumeurs circulent sur une fraude massive avec l’IA, mais nous n’avons actuellement aucune preuve concrète », a précisé le président de la commission. La ministre flamande en charge de l'Enseignement, Zuhal Demir, n'a pas réagi aux rumeurs de fraude à l'aide d'IA, mais a indiqué mardi avoir déjà mis sur pied une commission d'évaluation plus tôt cette année. Cette commission "d'experts" doit se pencher sur l'organisation de l'examen et envisager une amélioration des procédures. Elle y travaille depuis plusieurs mois déjà, assure le cabinet de la ministre.

À noter enfin que le concours d’entrée en médecine pour les francophones se tiendra ce jeudi 28 août 2025 à Brussels Expo, avec 5.911 étudiants inscrits, alors que seuls 1.462 seront admis en médecine et 186 en dentisterie.

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