L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine médical transforme notre vision de la pratique clinique. Plus qu’un simple outil, elle redéfinit la manière dont les médecins accèdent à l’information, prennent des décisions et interagissent avec leurs patients. Cependant, à mesure que les algorithmes s’intègrent dans les blocs opératoires, les services d’urgences ou la médecine préventive, une question demeure: comment s’assurer que l’IA serve la médecine, et non l’inverse?
Les défis sont loin d’être uniquement de nature technologique; ils sont profondément humains et culturels. Un robot ne remplace pas un médecin, mais le médecin formé et soutenu par l’IA remplacera celui qui choisit de s’en priver. La puissance de calcul et d’analyse des systèmes d’IA ouvre des perspectives inédites pour la détection précoce, l’optimisation des traitements et la personnalisation des soins. Toutefois, sans cadre éthique solide, cette même puissance pourrait fragiliser la relation de confiance entre patients et soignants.
L’Europe avance dans la construction de ce cadre. L’AI Act, récemment adopté, marque un tournant: il classe les dispositifs médicaux intégrant de l’IA parmi les systèmes à haut risque, imposant transparence, traçabilité et surveillance continue. Couplé au Règlement sur les dispositifs médicaux, au Règlement général sur la protection des données, à la directive NIS2 sur la cybersécurité et au futur Espace Européen des Données de Santé, il dessine une belle ambition à l’échelle européenne par une régulation intégrée, conciliant innovation et protection des droits fondamentaux,
Pour que ces projets se traduisent dans les pratiques, 4 piliers doivent guider l’action:
- la transparence: les algorithmes doivent inspirer confiance, être explicables et compréhensibles, permettant aux médecins de valider ou de nuancer leurs recommandations. Une IA perçue comme une «boîte noire» est vouée à l’échec clinique;
- la clarté légale: la responsabilité en cas d’erreur doit être clairement définie, évitant toute zone grise entre développeurs, fournisseurs et utilisateurs;
- la responsabilité sociétale: hôpitaux, industriels, régulateurs, soignants et patients partagent la mission de garantir sécurité, efficacité et équité des systèmes. La formation du personnel et l’implication des patients dans la compréhension des outils sont des leviers essentiels;
- la surveillance continue: comme un médicament, une IA doit être suivie, réévaluée et ajustée en fonction des évolutions des données, des pratiques et des retours d’expérience.
Le défi est donc double: ne pas freiner l’élan d’innovation, tout en préservant le socle éthique et juridique qui fonde la médecine. L’IA ne doit pas devenir un facteur d’opacité ou de complexité supplémentaire pour le patient; elle doit être digne de confiance et d’efficacité.
Ces thèmes seront au cœur de la Healthcare Week Luxembourg 2025 (HWL 2025), qui rassemblera des experts, des décideurs, des régulateurs et des praticiens, pour un forum stratégique autour d’une ambition commune: établir une gouvernance nouvelle de l’IA en santé qui puisse répondre aux nombreux défis sociétaux. En effet, bien que la technologie soit un moteur, c’est la qualité du cadre éthique et la vigilance collective qui définiront sa réelle contribution à la médecine de demain.
La 3e édition de la HWL 2025 se déroulera les 7 et 8 octobre 2025 à Luxexpo The Box à Luxembourg. Cet événement rassemblera des milliers de professionnels et d’experts des secteurs de la santé, de la recherche, de l’éducation et de la technologie, ainsi que des représentants d’organismes gouvernementaux, de ministères et de diverses organisations sociales et professionnelles.
La HWL 2025 explorera les opportunités et les défis de l’IA en matière d’éthique et de gouvernance, de recherche et d’innovation, de gestion et d’organisation, ainsi que d’enseignement et de formation. Le programme comprend 8 panels sur 2 jours avec des intervenants et experts internationaux de premier plan. L’événement est organisé par la Fédération des Hôpitaux Luxembourgeois en collaboration avec Quinze Mai.