Le Dr Jean-François Gatelier, , médecin généraliste et député fédéral « Les Engagés » à la Commission Santé à la Chambre, a interpellé le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, sur « l’urgence d’adapter la formation médicale aux enjeux technologiques et à l’intelligence artificielle ».
« Les révolutions technologiques, que ce soit l’IA, la médecine génomique, les données de santé ou les algorithmes prédictifs, sont déjà intégrées dans la pratique de nombreuses spécialités médicales. En radiologie, en dermatologie, en chirurgie assistée comme en médecine de précision. Pourtant, notre système de formation médicale repose toujours sur la mémorisation, la segmentation disciplinaire et une pédagogie préparant peu aux réalités numériques ou à l’analyse de données à grande échelle », a exposé Jean-François Gatelier.
Selon lui, si la formation initiale relève des communautés, la formation continue relève du ministre. Il a demandé si « une réflexion est engagée entre l’INAMI, les facultés de médecine, les associations professionnelles et les acteurs de l’IA pour adapter méthodes et compétences, en concertation avec les entités fédérées ». À défaut, il a suggéré « la mise en place d’un groupe de travail – éventuellement sous l’égide de l’INAMI – réunissant ces acteurs afin d’élaborer une feuille de route pour faire entrer la formation médicale dans le 21e siècle sans renoncer à ses exigences humaines. Il en va de la qualité des soins, mais aussi de la légitimité professionnelle des médecins ».
Dans sa réponse, Frank Vandenbroucke a rappelé que « si la formation de base ressortit aux entités fédérées, dans le système d’accréditation de l’INAMI, des formations continues portant sur l’IA et sur le développement technologique en matière de santé sont déjà reconnues et financées par le fédéral ».
« La reconnaissance de ces formations continues dépend des organes d’accréditation, au sein desquels siègent notamment des représentants des universités et des associations scientifiques. Le système permet d’intégrer de nouveaux thèmes médicaux et technologiques dans la formation continue, qui est donc déjà entrée dans le 21e siècle. Un groupe spécifique est selon moi inutile. Il faut faire confiance aux instances qui gouvernent le système de l’accréditation pour y investir suffisamment », a ajouté le ministre.
Jean-François Gatelier a conclu en soulignant les enjeux pratiques et budgétaires : « Ce sujet passionnant répond à la médecine de demain et permettra aussi de faire des économies : les soignants pourront davantage se consacrer à leurs patients et auront moins d’administratif puisque l’IA et les données algorithmiques leur permettront, ainsi qu’aux infirmiers et aides-soignants, de gagner du temps. C’est pour cela que je ne voudrais pas que les médecins engagés dans une formation qui aboutira en 2035 se voient enseigner une médecine qui date du début du siècle. »
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Derniers commentaires
Charles KARIGER
01 octobre 2025Pitoyable !
Bien sûr, Monsieur le Serviteur Public Fédéral de la Prévoyance sociale a répondu comme il pense, en toute sincérité. Comment lui en tenir rigueur ?
Consacrant scrupuleusement ses efforts et son temps à la « Sécu » de notre pays, il vit dans un monde économico-administratif qui ne dispose d’aucune capacité à capter le réel qui vient.
Une administration, même dirigée par un socialo-trotskyste honnête et grand travailleur, est toujours fondamentalement réactionnaire, bureaucratique et constitutionnellement incapable de réelle anticipation. Pour une telle institution, l’anticipation se résume à la prolongation des courbes de leurs feuilles de calcul au-delà de l’année en cours. C’est-à-dire que le futur sera ET NE SERA QUE le développement des fonctionnements actuels.
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Il est impossible qu’une entreprise d’assurance, même si elle dispose de super-actuaires, envisage et organise ce qui n’existe encore qu’à l’état de projets imprécis. Dans la majorité des cas, sa réaction est la répression de tels perturbateurs. Songeons aux IRM. Alors que depuis près de vingt ans, il est formellement établi que l’IRM doit remplacer le plus souvent possible la TDM, nos autorités administratives et poli-tiques, imperméables aux réalités sanitaires, en combattent continuellement l’utilisation.
Nos voisins, conscients des menaces russes, évaluent la manière de prendre rapidement en charge dès maintenant des milliers de blessés de guerre. Ici ? Quels sont les détails de notre plan épidémie? CoVid-26 ? Chikungunya ? Super-grippe ? Une fièvre hémorragique ?
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Rigoureusement fidèle à sa fonction, Monsieur le SPF de la PRE-VOYANCE SOCIALE se défausse de toute responsabilité à propos de la préparation du futur des soins en Be (alors qu’il s’agit en réalité du PRÉSENT !).
Il signale benoitement que quelques formations COMPLÉMENTAIRES sont agréées ou peuvent l’être.
En clair : PAS QUESTION de METTRE À JOUR LA FORMATION de base de nos jeunes. «Njet ! »
Peut-être notre pays a-t-il besoin d’un serviteur public fédéral de la SANTÉ.
Alain Pierson
29 septembre 2025Réaction citoyenne à propos de l’intelligence artificielle et de la formation médicale
Je salue l’intervention du Dr Jean-François Gatelier, qui ose poser une question essentielle :
Comment former les médecins de demain sans ignorer les outils du présent ?
L’intelligence artificielle n’est pas une menace.
Elle est déjà là, dans les diagnostics, les images, les protocoles, les données.
Ce qui est menaçant, c’est de former des soignants à l’ancienne, en leur demandant de mémoriser ce que les machines savent déjà,
sans leur apprendre à penser avec, à questionner, à discernement.
Le ministre Vandenbroucke répond par des mécanismes : accréditation, reconnaissance, instances.
Mais il ne répond pas à l’appel à une vision.
Il ne voit pas que la légitimité du soin dépend désormais de la capacité à naviguer entre technologie et humanité,
entre algorithmes et présence, entre données et discernement.
Former à l’IA, ce n’est pas ajouter un module.
C’est repenser la pédagogie, la posture, la responsabilité.
C’est apprendre à dialoguer avec l’intelligence artificielle, sans lui déléguer l’intelligence humaine.
Je soutiens l’idée d’un groupe de travail interdisciplinaire,
non pour bureaucratiser, mais pour réveiller les consciences.
Car il ne s’agit pas seulement de médecine.
Il s’agit de la manière dont notre société pense l’intelligence, le soin, et l’avenir.