Quatre applications d’e-santé sur cinq ne sont pas cliniquement validées

Les chiffres sont astronomiques. En 2020, pas moins de 90.000 nouvelles applis sont apparues. La même année, plus de 350.000 applications en e-santé étaient disponibles. Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Un groupe de chercheurs français vient de mettre au point un nouveau mode d’évaluation des e-apps. C’est le Medical Digital Solution scoring tool.

En Belgique, rappelons que c’est la plateforme mHealthBelgium, une initiative du Gouvernement Fédéral, qui est chargée de collecter les informations sur les applications mobiles en santé. Trois niveaux successifs de validation sont prévus. Actuellement une bonne trentaine d’applications se situent sur l’un ou l’autre de ces niveaux.

En France, la  Haute Autorité de Santé (HAS) a émis dès 2016 un guide des bonnes pratiques pour les développeurs. Par la suite, elle a publié, un état des lieux des dispositifs d’évaluation des applications et une grille de critères de qualité. 

Tout cela ne suffit pas, si on en croit une étude du Journal of Medical Internet Research.  Celle-ci conclut que 21% seulement des applis d’e-santé ont été testées dans une étude randomisée pour faire la preuve de leur efficacité. Un groupe de chercheurs français vient de mettre au point un nouveau mode d’évaluation des e-apps. C’est le Medical Digital Solution scoring tool. Il est basé sur une bonne vingtaine de questions auxquelles les développeurs doivent répondre. Les réponses doivent servir à estimer la pertinence clinique des applis. Il y a quatre groupes de critères. Ce sont la qualité de production d’informations scientifiques, la fiabilité de la collecte de données, la qualité de l’interprétation des données et l’accessibilité et l’intelligibilité de l’information pour les utilisateurs. 

Une version internationale du score MDS est maintenant disponible. Le groupe de chercheurs a donc évalué 68 applications d’e-santé. Un peu moins d’un quart de ces applications ressortait du domaine de la santé en général. Un autre quart avait trait à l’oncologie. Quel que soit le domaine de ces applications, il s’agissait dans près de la moitié des cas de télésurveillance des patients par des professionnels de la santé. Comme référence de validation, les auteurs de l’étude ont repris les critères émis notamment par la HAS et par la Société européenne d’Oncologie Médicale (ESMO). C’est là qu’est apparue la rareté des études randomisées visant à tester l’intérêt clinique des applications. Et globalement, la cote médiane pour toutes ces applications était de 11,2/20. En plus de cela, le score ne constitue qu’un premier filtre d’évaluation. Après ce premier tri, l’Institut National de la e-Santé (INeS), une « initiative citoyenne de droit privé » selon ses propres dires, procèdera à une analyse approfondie des solutions les mieux cotées. A l’issue de cette analyse, le groupe de 22 experts de l’INeS, tous reconnus pour leur compétence en e-santé, statuera sur l’attribution d’un label de qualité. On se demande combien d’applis passeront le cap.   

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