C’est une double protestation qu’émet le GBO devant la manière dont l’informatisation de la santé est gérée par les autorités. Globalement, le syndicat déplore que les lieux de concertation soient démultipliés, les médecins variablement invités, le rythme précipité… et qu’il y ait «des pressions et modifications unilatérales» de la part de la plate-forme eHealth ou de l’entourage de Maggie De Block. Plus spécifiquement, il dénonce la mise à disposition tardive de documents traduits en français.

Précautions oratoires dans les préliminaires du communiqué irrité, cosigné par la présidente du GBO Anne Gillet et le leader du Cartel, Reinier Hueting, également à la tête du syndicat flamand ASGB, et expédié à la plate-forme eHealth: non, leurs mouvements ne sont pas anti-informatisation, loin de là. Ils disent et répètent l’importance, pour les MG, d’avoir à disposition des outils informatiques performants d’échanges de données patients, des logiciels incluant l’aide à la prescription, la surveillance des interactions, l’accès à des guides de bonne pratique… et de fonctionnalités aidant à mieux surmonter la complexité administrative. Il n’empêche. GBO et ASGB sont «interpellés par la manière dont l’informatisation de la santé est gérée et administrée».

Et d’aligner les exemples générateurs de frustration pour qui veut faire entendre correctement le point de vue des MG: «Il est difficile de savoir qui décide quoi et où se trouvent les lieux de concertation. La table ronde e-Santé [lieu de réflexion, à l’Inami, sur la «feuille de route informatisation 2013-2018», qui a connu une édition fin 2012, et une autre ouverte en mai dernier, avec réception des conclusions en cette rentrée, ndlr] semble fonctionner non en concertation mais en parallèle avec les groupes de travail dépendant de la médico-mut et avec la médico-mut elle-même. Cette impression vient, entre autres, de la manière arbitraire dont se sont faites les invitations: certains membres de la médico-mut étaient invités, d’autre pas, les secrétariats des organisations représentatives n’ont pas été mis en copie des invitations…»

Le GBO met aussi le doigt sur un problème exclusivement francophone, lié au rythme et à l’organisation des groupes de travail de la table ronde e-Santé. «Les documents de travail ne sont pas traduits en français ou trop tardivement. Or, certains domaines sont trop délicats que pour se baser sur un texte rédigé en néerlandais dont on n’est pas sûr de la traduction.» Ce phénomène constitue un problème dont Medi-Sphere vous avait déjà parlé il y a quelques mois (lire Medi-Sphere n°485 - Table ronde e-Santé 2015: spreek je Nederlands?).

Faire adhérer plutôt que forcer

GBO et ASGB ajoutent encore qu’ils ne peuvent pas accepter «les pressions et modifications unilatérales de la part de la plateforme eHealth ou de l’entourage du cabinet de la ministre (*)». En conclusion, ils annoncent officiellement «ne pas pouvoir valider les conclusions éventuelles de la table ronde e-Santé».

«De plus, nous recommandons vivement de remplacer un processus qui n’est fait que d’échéances et d’obligations par un processus qui met à disposition des outils efficaces, conviviaux et performants qui garantira un usage optimal par les médecins et une adhésion très large», insistent Anne Gillet et Reinier Hueting. L’enjeu est important en termes d’attractivité de la profession et de maintien des effectifs: une informatisation à marche forcée et non respectueuse deviendra «un élément de plus qui fera fuir une large proportion d’ainés dont la profession ne peut se passer».